J’ai évidemment lu avec beaucoup d’attention la lettre d’information que la CASC vient de nous adresser relativement au projet Hambrégie. Les deux signataires y ont pour ambition déclarée,
« dans le souci constant de transparence qui (les) anime », de « répondre à certaines inquiétudes et apporter (aux) habitants toutes les garanties nécessaires et requises ».
Selon eux, les « expertises complémentaires démontrent clairement, contrairement aux affirmations alarmistes et à la désinformation, que le risque sanitaire n’est pas significatif ».
Avec d’autres, je me suis plusieurs fois exprimé sur le sujet. Il m’a semblé que, tous, nous avancions des arguments, posions des questions, exprimions des points de vue, voire demandions des
précisions qui paraissaient basiques, etc … Voilà tout cela ravalé, n’en doutons pas, au rang de désinformation. Jusqu’à quand va-t-on jouer ce jeu stérile ? M. Lett serait mieux placé
pour donner des leçons si la discussion du projet avait été menée de façon courageuse (la « transparence » disent-ils !) ; s’il avait accepté le débat, aussi bien en sa mairie
que dans les enceintes et moments ad hoc. Quand cessera-t-on de prendre les électeurs pour des faire-valoir ? Bref, le dialogue, si l’on peut dire, de sourds continue, les opposants
étant définitivement classés parmi les « ignorants irresponsables politiciens ». Les catégories de M. Lett sont très peu susceptibles d’évolution.
Sur le fond du document lui-même, je n’ai rien à dire. Il n’apporte rien que je ne savais déjà, sauf un point sur lequel je reviendrai, il ne me rassure ni ne m’inquiète au-delà de ce que je
ressens. Autrement dit, statu quo ante. Exemple : « pas de risque supplémentaire pour la population par rapport à la situation actuelle ». L’atmosphère Lorraine est la
plus polluée de France ; la Moselle est le département le plus pollué de Lorraine ; la Moselle-est est la plus polluée de Moselle (voir ci-contre l’article d’Abdelghani Gourich,
« Le coût sanitaire de la pollution », 3ème alinéa). Que l’on m’explique, dans ces conditions, comment il se peut qu’il n’y ait pas de « risque supplémentaire » si,
à la pollution déjà présente, l’on en ajoute une autre ? Compte tenu des chiffres Orsas-Lorraine pour la DRASS, on peut estimer qu’en Moselle-est les « normes recommandées »
sont dépassées car sinon il n’y aurait pas de surplus de malades. Quelle sera donc l’incidence supplémentaire des « 6 microgrammes par m³ », qu’ajouteront-ils à l’atmosphère ambiante,
quels risques supplémentaires (potentialisation, effets d’accumulation éventuels à partir de certains seuils) cela représente-t-il pour ceux qui sont déjà malades ou fragilisés ou fragiles ?
Autant de questions déjà posées, sous une forme ou une autre : autant de réponses attendues. Les experts, y compris, c’est bien le moins, la « société complètement indépendante »,
ont-ils effectué des prélèvements atmosphériques et, à partir d’eux, des projections basées sur les chiffres de DE, dont à ma connaissance personne n’a encore contesté la véracité ? Il
aurait alors, peut-être, été possible d’écrire honnêtement que « le risque sanitaire » est complètement nul, au lieu d’un « n’est pas significatif » (prudentiel car le Dr
Brousse dit, lui, qu’il n’y a « pas de risque ») guère enthousiasmant.
A-t-on remarqué, également, la liste des qualités et fonctions cumulées des docteurs Brousse et Martin ? C’est ainsi que l’on procède, dans notre société d’apparence, lorsque, selon
l’expression consacrée, l’on veut « en mettre plein la vue » à son interlocuteur ! Effectivement, face à un tel curriculum, médecins sarregueminois et citoyens de base ou
militants ne peuvent plus « se la jouer » et ne devraient plus avoir qu’une ressource : se taire. MM. Lett et Roth négligent ici deux paramètres élémentaires ou, comme l’on voudra,
d’un classicisme éprouvé. D’abord que « l’habit ne fait pas le moine ». En d’autres termes que ce n’est pas le pédigrée qui fait l’intelligence, la compréhension ou la culture. De
surcroît, j’aurais tendance à penser que plus on se disperse, plus on devient superficiel. Ensuite, que la liberté de conviction existe encore, qu’elle est chose la mieux partagée entre les
hommes, et que, face à la conviction des « pour », celle des « contre » est tout aussi respectable et digne d’intérêt ; que les « contre » ont le droit de leurs
convictions, y compris les médecins sarregueminois (ou d’ailleurs) qui se sont engagés en ce sens et qui, dans cette affaire, ont été insultés dans leur honnêteté et leur humanité par M. Lett.
L’objectivité ne peut pas être, en raison précisément des convictions intimes, un discours univoque. Il aurait été de bon ton, et élégant, de permettre aux médecins montrés du doigt de débattre
avec leurs collègues. L’échange aurait sans doute été fructueux.
Dernier élément, sur lequel je devais revenir : « Dr M : les centrales à gaz rejettent uniquement des particules prélevées et déjà présentes initialement dans
l’air ». J’aimerais d’une part que l’on m’explique le procédé qui, dit comme cela, me paraît bien mystérieux. Au surplus, j’avoue humblement que j’ai été, durant ma période lycéenne, un très
mauvais chimiste. Pourtant, je crois me souvenir qu’un certain Lavoisier voulait à toute force, et il a bien dû le démontrer quelque part en bon scientifique qu’il était, que lorsque l’on triture
un produit, chimique ou autre, il en sort toujours un ou plusieurs autres produits. Aussi, d’autre part, l’ignorant que je suis se pose-t-il la question existentielle suivante : il me semble
avoir entendu dire que, dans cette centrale, l’on allait brûler du gaz. Que va devenir ce gaz ? Sauf à considérer que ce gaz existe « déjà initialement dans l’air », ce qui serait
une double hérésie, au sens de Lavoisier et au sens du gazoduc, il va bien falloir que ce gaz se décompose et que ce qui ne sera pas utilisé soit rejeté ! Sinon à quoi serviraient les
cheminées ?
René Basset