Le candidat-sortant l'affirme du matin au soir : la France, sous sa présidence, s’en est moins mal sortie que ses partenaires européens et que les Etats-Unis pendant la crise. Non seulement la crise n'est pas terminée, mais hélas toutes les comparaisons montrent que notre pays, qui était dans le groupe de tête de l'UE il y a 5 ans, se positionne désormais au milieu du peloton.
1/ Durant le mandat Sarkozy, la France a perdu sa place parmi les nations leaders en Europe
Pour justifier son bilan, N. Sarkozy ne cesse de comparer la France à l'Espagne et au Portugal, pays fragilisés par des économies insuffisamment diversifiées ; à la Grèce dont le poids économique est sept fois inférieur au nôtre ; aux États-Unis et au Royaume-Uni, dont la faible protection sociale a provoqué et amplifié la crise.
Si l'on veut vraiment mesurer notre force, comparons-nous aux pays qui disposent des mêmes armes et des mêmes stratégies économiques ! Ces Etats se sont en général redressés plus rapidement et plus efficacement que nous pendant et après la crise :
Croissance
|
Croissance cumulée 2008-2011 |
Prévision 2012 |
France |
0,2% |
0,6% |
Allemagne |
2,6% |
0,8% |
Pays-Bas |
1,7% |
0,5% |
Belgique |
2,7% |
0,9% |
Taux de chômage
|
2007 |
2011 |
Variation 2007/2011 |
France |
7,9% |
9,7% |
+1,8 |
Allemagne |
8,3% |
5,9% |
-2,4 |
Pays-Bas |
3,6% |
4,4% |
+1,2 |
Italie |
6,1% |
8,3% |
+2,2 |
Source : Eurostat
Balance commerciale
% du PIB |
2003 |
2011 |
Variation 2003-2011 |
France |
+0,8% |
-2,3% |
-3,1 |
Allemagne |
+1,9% |
+4,9% |
+3,0 |
Pays-Bas |
+5,6% |
+7,8% |
+1,8 |
Zone euro |
+0,5% |
+0,1% |
-0,4 |
Source : OCDE
Déficit public (% du PIB)
|
2007 |
2009 |
2011 |
France |
-2,7 |
-7,5 |
-5,7 |
Allemagne |
0,2 |
-3,2 |
-1,2 |
Italie |
-1,6 |
-5,4 |
-3,6 |
Pays-Bas |
0,2 |
-5,5 |
-4,3 |
Zone euro |
-0,7 |
-6,4 |
-4 |
Source : Eurostat
Les chiffres sont clairs :
Sous Sarkozy la France n'a pas seulement été dégradée, elle a été déclassée.
2/ Le quinquennat Sarkozy fut celui de l'affaiblissement. Un second mènerait à l'effondrement
C'est vrai : distancée par ses voisins dès les premières éclaircies de la fin 2009, la France a connu une récession moins forte que la plupart de ses partenaires au cœur de la crise. Le candidat UMP explique que c'est grâce à sa politique : c'est faux.
Alors que le gouvernement Sarkozy-Fillon consacrait près de 5 Mds€ à la défiscalisation des heures supplémentaires pour quelque 275 000 salariés, l'Allemagne consacrait 6 Mds€ pour maintenir 1,5 millions de salariés en chômage partiel ou leur faire suivre une formation.
Le « plan de relance » français a été près de trois fois inférieur à celui qui fut engagé outre-Rhin. Résultat : pendant que l'économie française est au point mort, c'est l'Allemagne qui donne le ton en Europe.
Si la France n'a pas sombré dans la tempête, c'est uniquement grâce à la qualité de protection sociale et de ses services publics ; ces amortisseurs de crise que le candidat sortant appelle aujourd'hui à remettre en cause, par exemple en :
· augmentant drastiquement tous les taux de TVA ;
· décidant le gel des prestations sociales et la non indexation du barème du l’impôt sur le revenu ;
· taxant les mutuelles ;
· proposant de réduire de 10 Mds€ les dotations aux collectivités locales, fragilisant encore les services publiques de proximité ;
· voulant remettre en cause le système d'indemnisation du chômage à l'issue d'un improbable référendum sur les droits des chômeurs.
3/ Le candidat sortant a mis la France en mauvaise posture avant même le déclenchement de la crise financière : la loi TEPA, c'est juillet 2007 ; la chute de Lehman Brothers, c'est septembre 2008.
Personne ne nie la crise : elle a eu et a encore des conséquences lourdes pour les Français conséquences d'autant plus terribles qu'elle n'avait pas été anticipée et qu'elle a été vite oubliée par la droite :
· Avant la crise : des milliards de cadeaux fiscaux distribués à quelques clientèles
o 50 Mds€ dilapidés dans une la loi TEPA (juillet 2007) qui a bénéficié pour les trois quarts aux plus hauts revenus : abaissement du bouclier fiscal à 50% des revenus avec intégration de la CSG et la CRDS ; déductibilité des intérêts d'emprunts ;
o défiscalisation des heures supplémentaires qui a détruit 70 000 emplois selon l'OFCE
o 12 Mds€ d’euros offerts aux 10% des ménages percevant les héritages les plus élevés pour alléger leurs droits de succession (juillet 2007)
· Pendant et après la crise : tout change parce que rien ne change :
o 2,5 Mds€ par an de baisse de la TVA dans la restauration (juin 2009)
o 1,8 Mds€ de réduction de l'ISF (juillet 2011) pour 300 000 foyers dont le patrimoine dépasse 1,7 M€.
L'exploit, ce n'est pas que la France ait résisté à la crise, mais que notre modèle social ait survécu à 10 ans de droite au pouvoir.