Cette rentrée 2011 fait suite à un été meurtrier sur le plan économique. Dans sa lettre de septembre, l'eurodéputé Liem Hoang Ngoc, secrétaire national adjoint à l’économie du PS, revient sur ces faits marquants et leurs conséquences.
« Après un été économique meurtrier, cette rentrée est marquée par l’annonce du plan de rigueur visant à permettre à la France, malgré le retournement conjoncturel, de suivre la trajectoire qui doit ramener son déficit à 3% du PIB en 2013. Cette annonce fut précédée d’une tribune de Maurice Lévy dans « le Monde » et d’un appel des riches pour se faire taxer plus afin de participer à l’effort national de rigueur. Au final, c’est une contribution exceptionnelle qui ne rapportera pas plus de 200 millions d’euros annuels que le plan de rigueur demande aux plus riches de ce pays de payer.
200 millions qu’il faut mettre en face des 600 millions qu’ils perçoivent tous les ans au titre du bouclier fiscal depuis sa création et de baisse de l’ISF de 2 milliards d’euros dont ils vont bénéficier. Sans compter les niches scandaleuses dont ils continuent à profiter telles que la niche Copé sur la sessions des actifs, le dispositif Sellier sur l’investissement, ou encore le prélèvement libératoire sur les revenus du capital permettant à leur principale source de revenu (les revenus des valeurs mobilières) d’être taxée à un taux moindre que les revenus du travail, frappés aux taux marginaux de l’impôt sur le revenu.
200 millions qu’il faut inclure dans un plan qui accroît la taxation des contrats d’assurance-maladie complémentaires et qui multiplie les « gabelles » indirectes sur le tabac, l’alcool, les parcs d’attraction qui pèseront surtout sur les ménages les plus modestes.
out ceci relève d’une opération de communication. Celle-ci vise-t-elle à prémunir le gouvernement des riches de la vindicte populaire qui monte ? Les plus aisés ne peuvent en tout cas plus masquer que la politique fiscale de ces dernières années leur a été particulièrement favorable. Elle fut l’une des principales causes de la montée de la dette publique. Ces mesures ont creusé les déficits sans produire d’effet sur la croissance car les ménages aisés, dont la propension à épargner est forte, n’ont que marginalement utilisé leurs suppléments de revenus pour consommer et ont peu investi.
’explosion de la dette publique depuis dix ans est concomitante du déploiement des politiques néoconservatrices que ni le texte de Lévy, ni l’appel des riches, ne mettent en question, bien au contraire. Pour Maurice Lévy, la contrepartie à sa contribution exceptionnelle est qu’il faille achever les coupes dans les dépenses sociales et publiques et continuer à abaisser le cout du travail.
Bref, il faudrait offrir aux plus aisés le scalp de l’Etat providence ! …
... Il faut véritablement faire payer les riches !
L’opération de communication est d’autant plus habile, que la montée des déficits, dont sont responsables les politiques néoconservatrices, est le prétexte brandi pour se débarrasser définitivement de « l’Etat Providence » qu’ils jugent trop coûteux.
La droite aurait donc été…trop socialiste à son insu !
Et les chantres des régimes amaigrissants de prendre l’exemple de la hausse de 3% de la part des dépenses publiques dans le PIB entre 2007 et 2010 pour illustrer la thèse d’un Etat providence obèse. Mais, à y regarder de près, ce ne sont pas les dépenses de fonctionnement (c’est-à-dire l’emploi dans les services publics subissant les affres du gel des salaires et de la RGPP) qui expliquent cette évolution. Celles-ci ont évolué au même rythme que l’inflation. Ce sont les mesures de sauvetage des banques, de relance, ainsi que les dépenses sociales jouant leur rôle d’amortisseur de crise, qui ont été la cause de la récente progression des dépenses en volume. Ce qui signifie qu’en cas de reprise, leur part pourrait être amenée à décroître. Par ailleurs, la hausse de la part des dépenses publiques dans le PIB est en grande partie liée à décroissance du dénominateur (le PIB).
Pour résumer, la part des dépenses publiques dans le PIB est restée stable depuis un quart de siècle. La part des dépenses de l’Etat a même baissé alors que la part des dépenses sociales est sans doute amenée à s’accroître avec le vieillissement de la population. Mais la montée de la dette s’explique surtout par la chute des recettes fiscales. La part de la dette finançant les dépenses fiscales en faveur des riches s’est avérée pour l’essentiel économiquement inutile. Elle représente donc une dette improductive, si ce n’est illégitime. Il faut donc la résorber par une authentique réforme fiscale, la restructurer dans les pays où elle est devenue insoutenable, sans sacrifier au soutien à l’économie, voire à une nouvelle recapitalisation des banques, si les conséquences de l’été meurtrier qu’a subi l’économie mondiale, se confirmaient. Nous les avons analysées dans notre exposé lors de l’université d’été de la Rochelle (voir ci-après).
Ce retournement remet en cause les hypothèses de croissance sur lesquelles s’appuyaient les politiques de réduction des déficits.
La crédibilité que veulent afficher nos candidats aux primaires socialistes exige de tenir compte d’un contexte nouveau où les Etats seront vraisemblablement appelés à intervenir et donc à retarder le moment où les déficits seront réduits en-dessous de 3%. Les socialistes disposent de propositions alternatives. Les tribunes que nous avons publiées dans la presse tout au long de l’été avec d’autres parlementaires et responsables ont pour but d’en démontrer la pertinence et l’urgence. »
Les député socialistes au parlement européen et à l’assemblée nationale ont des idées et travaillent à les transformer en actes. Pas comme certains autres, députés de l’UMP. Soyons charitables, ne nommons personnes, mais suivez mon regards !
En savoir plus :
Toute l’actualité de Liem Hoang Ngoc sur www.liemhoangngoc.eu/
Le groupe des eurodéputés français socialistes www.deputes-socialistes.eu/
Un monde d’avance http://unmondedavance.eu