Dans toute cité, conformément aux règles institutionnelles, les citoyens confient démocratiquement à une équipe qui a su les convaincre, au vu d’un programme clair et réaliste, la gestion des affaires de la ville. Il incombe par conséquent à cette équipe de faire en sorte que vive la ville selon ses engagements. Dans cette optique, elle procède aux dépenses nécessaires à l‘entretien de l’existant, à l’activité présente et future de la communauté. L’ensemble des dépenses peut évidemment être corrélé suivant les objectifs fixés et liés, lesquels conditionnent l’expansion – l’avenir de la cité.
De fait, si l’on observe ce qui se passe à l’entour, de Fénétrange à Hanweiler en passant par Sarralbe, Farebersviller et Sarrebruck, l’on s’aperçoit que cette dynamique est à l’œuvre, dans des domaines divers certes, mais qui témoignent de la volonté d’aller de l’avant. Le festival de Fénétrange s’est fait peu à peu une renommée internationale, et Bitche, jumelée pour l’occasion à Pirmasens, a lancé le sien dont on peut prédire – et espérer s’il parvient à durer qu’il saura se faire une place compte tenu de la qualité de ses premières manifestations. Quand on parle de cela à Sarreguemines, on nous répond « élitisme ». Farebersviller annonce l’aboutissement de son projet de centre commercial ; Sarrebruck inaugure sa galerie Europa ; Hanweiler envisage un centre commercial, dans le but vraisemblable de l’agencer avec les futurs thermes. Sur ces derniers aspects, les centres commerciaux, on peut s’interroger sur le principe ou, au contraire, s’en féliciter, mais ce n’est pas notre propos : nous nous bornons simplement à constater et relever ces tentatives de trouver des solutions tendant à préserver l’avenir. On peut s’inquiéter également de leur multiplication : la chalandise n’étant pas extensible à tout va, il y aura sans doute, pour l’un ou pour l’autre des commerçants, des lendemains qui déchanteront. Mais au moins, encore une fois, aura-t-on essayé et créé quelque chose.
À Sarreguemines il en va complètement différemment. Au moment des municipales nous avons attendu, vainement, l’expression d’un programme de la part du candidat de la droite sarkozyste, ainsi que de ses colistiers. La bonne mine, ici, suffit pour se faire élire. Ensuite, en début de mandat, le maire nous a affirmé benoîtement, en substance, qu’il ne faisait rien pendant les deux premières années pour investir ensuite de façon que ses réalisations soient effectives et visibles lors des élections suivantes. Nous avons cru à une boutade ou à une forme d’aimable provocation, mais c’est bien ainsi que les choses se sont passées. Dans une ville qui périclite, cela fait deux ans de perdus alors que le temps presse. Et ce qui a commencé à venir, qui s’étalera jusqu’à 2015, n’est guère susceptible à nos yeux de relancer la dynamique : l’on ne voit pas comment « l’espace partagé » avec ses hésitations et contresens – c’est à dessein que ce terme est utilisé pourrait à lui seul réveiller la belle endormie. L’on ne voit toujours pas comment le centre ville, en état de léthargie profonde, sera réanimé au gré des déclarations d’intention, parfois contradictoires, clamées urbi et orbi. Les intentions ne font pas les idées, et des idées il n’y a apparemment pas. À cet égard, il y aura des victimes dans la multiplication des centres commerciaux évoqués ci-dessus, mais les premières pourraient bien se compter dans le centre ville – qui n’a vraiment pas besoin de cela. L’impression face à ces criantes – et cruelles insuffisances, c’est qu’il n’y a pas de vision construite, cohérente, audacieuse s’il le faut, du futur ; pas de programmation authentique, pensée, malgré la qualité du site et des possibilités locales – immeubles et terrains dont peu de villes bénéficient ; pas de plan d’ensemble intégrant transversalement toutes les problématiques et leurs solutions possibles, seule manière pourtant, pensons-nous, de sortir de la spirale négative. Au regard de ce qui est fait face aux besoins et à une réalité préoccupante, l’équipe municipale actuelle semble plutôt s’enfermer dans le déni et n’être simplement pas en mesure de redresser la situation. Du coup, paradoxalement, l’opposition paraît être la seule à se préoccuper ! La bonne mine n’est pas créative.