Je me suis longtemps demandé comment il se faisait que Nicolas Sarkozy s’était engagé – à sa manière c’est-à-dire avec force déclarations tonitruantes, sa publicité personnelle, mais des réalisations décevantes - dans la défense de l’environnement. C’était tellement contraire au personnage que cela me stupéfiait chaque jour davantage. Or, depuis hier et la fin du Salon de l’Agriculture où il s’est rendu sur la pointe des pieds – parce qu’il avait prémédité son mauvais coup et parce qu’il n’a plus trop bonne presse dans le milieu paysan, je crois que j’ai enfin compris. Quoique, quand je dis enfin … j’avais bien ma petite idée mais elle demandait confirmation. C’est que sur « toutes ces questions d’environnement, ça commence à bien faire » ! En voilà une façon de récupérer les suffrages de la FNSEA … Ainsi, comme pour tout le reste, ce monsieur n’y croyait pas plus qu’à une potée que l’on cuisinerait sans cochon. Ce qui implique que son opinion, comme pour tout le reste, ne s’appuyait que sur une approche très utilitaire et personnelle de la question : cela peut-il ME servir ? La réponse a été « oui » jusqu’à ce qu’une campagne s’orchestre – non sans succès hélas parce que, depuis toujours mais c’est encore plus vrai aujourd’hui,
des humains sont prêts à tout sacrifier pourvu que leur intérêt personnel s’y retrouve (Tocqueville a déjà décrit ce comportement) ;
un certain journalisme s’acharne non pas à informer, non pas à dire la vérité, mais à gagner de l’argent, à se placer, fût-ce au prix de la manipulation des résultats scientifiques,
les intérêts des deux coïncidant admirablement au détriment de l’intérêt général – ici du genre humain.
s’orchestre pour nier le réchauffement climatique provoqué par l’homme. Car, n’est-ce pas, si le permafrost fond aussi vite, ce n’est évidemment rien d’autre qu’un phénomène exclusivement naturel, quand on sait que les ères glaciaires ou chaudes de notre planète se préparent sur des siècles ! Ce raccourcissement spectaculaire des périodes : encore un tour de force de notre omnipotent ? Mais au moins le retrouvons-nous tel qu’en lui-même : incohérent. Encore que cette incohérence est bien utile : elle permet aux sarkozystes locaux, qui ont comme tous les autres une fâcheuse et singulière tendance à nous prendre pour des imbéciles, de nous servir sans rire, sans honte, mais avec beaucoup de cynisme, que la centrale à gaz qu’ils nous souhaitent est un instrument du développement durable. Je croyais, moi, qu’il y avait contradiction dans les termes.
Deux autres choses m’ont également étonné, sur le plan
national, c’est que certains des participants les plus engagés au Grenelle de l’environnement aient pu y croire ;
local, c’est que si les citoyens des alentours de Sarreguemines se sont beaucoup battus, ceux de Sarreguemines n’ont pas semblé très concernés : lorsqu’ils apercevront les volutes de vapeur d’eau – polluée car ce serait bien le diable s’il n’y trainait pas quelques particules indésirables ̶ s’élever lourdement au-dessus des tours de refroidissement, il sera trop tard pour se plaindre.
Mais ceci est une autre histoire.